La Gazette du Mauvais Gout

J'ai toujours aimé le fait d'avoir des chaussures "pas comme tout le monde".

Je crois que ca vient de mon père. On m'a appris à ne pas avoir honte pied-parlant. Une fois, quand j'avais treize ans, il a acheté des chaussures rouges style clown de cirque, je me rappelle encore son enthousiasme dans la boutique, c'était en Italie, on aurait dit que c'était son fashion high light des dix dernières années, il en était fier comme pas possible, il s'est mis à dire des "oh classe! ", puis ses "sympa hein? " en les essayant, comme si c'était la trouvaille du siècle, puis en sortant dla boutique " vachement chouette mes chaussures les enfants!". Le soir même, il les a mis pour aller au resto, et en rentrant à l'hotel, il s'est mis à courir avec, comme si ca lui donnait des ailes, en chantant "chim chimine" de Mary Poppins, et en sautant en l'air en claquant des pieds. Il faisait ca souvent en sortant du restaurant, mon père. Je n’avais jamais compris qu'en fait, c'était juste à chaque fois qu'il avait bu une bière de trop. Il a mis plus que ces chaussures la, tous les week ends, pendant les sept années à venir.

Pour tout vous dire, on a toujours eu des problèmes avec les chaussures dans cette famille. Entre lui et ma sœur, c'était critique. Une fois que le premier rayon de soleil montrait bout de son nez, mon père sortait illico ses sandales en cuir de mathusalem et ses belles chaussettes à motif. Les deux ensembles. Quand j'osais lui dire que ca me faisait honte, il me traitait de "coincée" et ca c’était encore pire que tout. Les sandales c'est un amour de famille. Ma petite sœur, elle avait toujours "chaud au pied". Elle passait son temps à dire qu'elle crevait de chaud des pieds. Au restaurant, elle enlevait toujours ses chaussures et ses chaussettes pour « faire prendre l’air à ses pieds ». Soit. Et donc elle voulait toujours mettre des sandales. On habitait en Allemagne, autant vous dire qu'en hiver, quand il neigeait, il neigeait. Mais ca, ma sœur, elle ne le prenait pas vraiment en considération. Ma mère avait déjà difficilement cédé sur le fait que ma sœur passe l'automne en tong, après de grandes batailles d’opinion sur la santé des pieds de ma sœur et la visite de moult médecins mais quand la neige arrivait, bien entendu, il n’était pas question qu'elle aille à l'école en tong. Et ca c'était un drame pour les pieds de ma sœur. Alors elle hurlait et pleurait, et fallait argumenter pendant trois heures pour qu’elle accepte de mettre des chaussures. Fallait y'aller par étapes ...chaussettes....puis chaussures. Un long processus. Qui me faisait arriver en retard à l'école. Et fallait que j'aille chercher un billet de retard. Et ca me faisait mal au ventre d'arriver en retard, moi. Puis si on continue, dans la foulée, mon grand père était dans l'industrie de la chaussure et a vécu rue de la pompe.

Bref, tout ca, ca a bien imprégné mon esprit, et je trouve franchement que la classe internationale, c'est de s'habiller, qu'importe, MAIS d'avoir des pieds qui vivent leur vie différemment du commun des mortels. Tout ca, pour excuser le fait que je trouve que la marque Funtasma vient de pondre les chaussures les plus cools de l'année. Un aquarium dans le talon...BIG UP! Dora